03 avril 1982

J175 - la colline de Swayambunath


Enfin, après bien des efforts, j'ai réussi à calmer les pensées et à les filtrer une par une. Mais aucune aide. Je veux parler de cette sensation apaisante qui envahit, tellement pacifiante qu’on la croirait venue de l’extérieur. Alors que c’est une sensation que l’on recèle sans le savoir.

Sortie tard et, après un change de 1 700 rps pour 100 $, je pars en balade pour Swayambunath Chaitya.
Dessin là-haut.


Swayambunath Stupa, Katmandou

Ça tangue vite dans la tête et stress corporel puissant. Lucidité qui ne parvient pas à son degré supérieur qui serait d’accompagner la relativation neutre des pensées, jusqu’à la sérénité. 
Observant le faciès de Bouddha, je réalise combien son attitude, sa position et son expression peuvent sembler surfaites, car trop volontaires.
Il faut une bonne dose de confiance en soi ou de détermination pour qu’une épingle trainant par hasard ne fasse éclater une énorme baudruche de prétention.


Swayambunath Stupa, Katmandou
Puja et mandala, Swayambunath, Katmandou 
Swayambunath Stupa, Katmandou

Descente doucement de Swayambunath, après un long et bon moment, agité cependant.


National Museum de Katmandou (Chhauni Museum)


Assez intéressant dans sa première partie qui présente des documents népalais, notamment des dessins de chakras sur papier.
J'imagine ce que pourrait être un musée retraçant l’aventure de la conscience humaine, avec une approche syncrétique de type Theosophical society, présentant la contribution universelle des différentes cultures à cette recherche. Ce musée pourrait être itinérant et présenter des documents informatisés.
Second partie : descente. Salles débilitantes dédiées au glorieux roi du Népal, dans toutes ses phases de croissance et ses activités. Photos, tableaux, déguisements qu’il a daignés endosser. Salles spéciales chasse dont il fait l’apologie en ces termes : "Il est moins mauvais de tuer des animaux sauvages que de détruire le caractère et la personnalité humaine" (celle du roi). Le chasseur, malgré les critiques, communie avec la nature comme dans un temple…
Dans la troisième salle, on assiste aux résultats de son dramatique amour pour la nature : tigres et panthères mitées, miteuses, dans un décor de planches décorées sans goût. Tristes descentes de lit qui expriment tout sauf la vie. Sec, sec, sec.

Diner fameux d’un poulet mayonnaise au snob et agréable Yin et Yang. Décor reposant, chaud, bonne musique.


Aparté bouddhisme et hindouisme
Katmandou : propre au centre, dégoûtant alentour. Merdes, bouses, détritus,…sale jusque dans les temples.
Varanasi : dégeulasse partout, mais cathartique par endroits.
Le culte bouddhiste (Mahayana), infiniment plus sale que les cultes hindous du point de vue liturgique. Saleté des endroits jamais lavés (au contraire des lieux Jaïns), comme au Ladakh. Pas de clinquant, mais un air de vieillot charmant.
Exemple : ce matin, en face de la stupa, la cérémonie autour du mandala de cuivre gravé et enchâssé dans le pavement. L’officiant prend son coquillage en guide de récipient, verse une fois encore, c'est la patouille.


Aparté recherches spirituelles
Ce qui est affolant : pénétrer dans ses pensées, prendre conscience que toute l’importance que l’on attache aux évènements du monde n’est qu’intellectualisation, une hiérarchisation intellectuelle de ce qui vit et meurt au dehors.
Il suffit de regarder la face de Bouddha sur les statues pour comprendre : il a choisi de ne pas voir ce qui se passe dehors et d’être heureux. De là son air épanoui, parfois satisfait, parfois stoned.
Mais en essayant cette voie, on se condamne, lors des moments où la concentration se relâche, à ce que tout s’accélère dans le cerveau. En supprimant leur illusoire valeur aux souvenirs intégrés, ils deviennent beaucoup plus légers. Donc plus rapides et plus blessants.
Quand cela va trop vite, essayer de se raccrocher à cette volonté affirmée de sérénité propre aux philosophies indiennes peut générer une angoisse panique, dès lors qu'on prend conscience que cette détermination initiale est également une vue d’esprit.
Cette inquiétude doit pouvoir propulser aisément par-delà le seuil de la folie.
La volonté seule n’est donc rien, sans la révélation d’expériences livrant la confidence d’une autre réalité, absolue, et à laquelle on pourra s’accrocher pour s’élever.
D’un côté une angoisse et de l’autre un bonheur, également inavouables.
Mais il suffit d’arrêter les pensées et de ressentir, pour que les tortures se transforment en trop douces promesses de paix divine.
En quelques sorte, on en vient, soit à éprouver le néant et la folie rôde, soit à expérimenter l’absolu, mais, là encore, il faut être suffisamment solide pour pouvoir continuer après à vivre avec les hommes.


Aparté yogique 
Réveil de l'énergie qu’il faut savoir accepter en toute simplicité pour qu’elle fasse son office cathartique.
Deux points de crispations.


- le premier est détecté au niveau du nombril, de la zone des tripes associée à la source de Muladhara. Il est facile à chercher : la plénitude d’une respiration décrispée dans l’abdomen conduit à l’extension du corps par l’esprit jusqu’au calme intersidéral. La prise de conscience d’un stress et sa non-acceptation conduit à bloquer l’énergie dans cette partie du corps et de nombreuses conséquences désagréables s’ensuivent...


- le second point, le plus important, est situé à la base des vertèbres cervicales, au milieu du cou. Il est si facile de l’oublier et de concentrer son effort directement vers les régions inférieures, négligeant cette zone qui va se transformer en zone bloquée. Alors qu’il est possible, laissant l’énergie passer par le cou (Vishuddha), de la sentir, d’avoir la conscience de la force en bas. La conscience du haut se généralise par une conscience de la vitalité des zones inférieures qui "s’expandent", au risque de générer un distrayant plaisir qui fait descendre l’attention.

Peu à peu l’évidence se fait jour : il ne s’agit que de laisser circuler l’énergie vitale en supprimant les frictions aux points de crispation.
Qu’elle soit une preuve, ou une promesse, de l’existence de dieu ou d’une conscience n’est qu’une hypothèse. Le fait principal est que seule la détermination de libérer toutes les forces en puissance amènera :
1) la libération (de quoi, où,...?) et l’épanouissement, en répondant aux questions sur l’infini, l’absolu, la conscience ;
2) la réalisation.

Il est bien sûr que ces deux points Haut et Bas, Shiva – Shakti, Vishuddha (ou Ajna) – Muladhara, sont liés et que la conscience de l’un entraine celle de l’autre.
Cette fusion semble s’opérer plus naturellement par le haut.
C’est une nouvelle voie qu’il me faut essayer, car du bas, on ne peut diriger facilement, mais c’est sans doute de là que surgissent les soudaines révélations qui vont éclater dans la tête comme autant de fantastiques soleils.

_____________________La carte de la journée_____________________

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